lundi 17 mai 2010

Une vocation sociale affirmée





Face aux coûts exorbitants de l’immobilier, des milliers de gens sont condamnés à vivre dans des situations précaires. La pénurie de logements accessibles aux « revenus modestes » est si grave que la question de l’habitat n’est plus seulement celle des déshérités, elle est devenue celle d’un nombre de français de plus en plus important. Comment remédier à cet état de fait ?

Les offices HLM qui, théoriquement ont vocation de proposer des logements aux déshérités, sont confrontés aux coûts inflationnistes du terrain, à la flambée des cours des matières premières, des charges liées à la main d’œuvre et, de ce fait, ne peuvent plus mettre sur le marché des logements accessibles aux ménages aux faibles revenus.
Des solutions existent qui passent par le volontarisme des postulants à l’accession à la propriété
L’accession à la propriété est une aspiration profonde des ménages, aspiration qui aujourd’hui ne peut s’affirmer qu’à l’état de rêve ! Que pouvez-vous espérer quand un seul smic doit faire vivre le ménage ? C’est sur ce type de public que nous avons réfléchi pour trouver des solutions. L’équipe de « Toit par toi » est composée de retraités du bâtiment prêts à apporter leurs compétences, leurs expériences pour développer un projet innovant dont l’originalité réside dans la suppression du poste main d’œuvre dans le calcul du prix d’une maison.
La main d’œuvre direz-vous ? Mais c’est le principal élément rentrant dans sa construction !
Pas si c’est vous qui constituez cette main d’œuvre ! L’économie réalisée pour une maison type F4 de 100 m2 habitable : 70 000€, ça vaut peut être le coup de s’atteler à la tâche ?

Ce procédé de construction fait appel à la solidarité.

Cette initiative originale, ne peut être garantie de succès que si elle est accompagnée par des professionnels. Contrairement à certaines expériences d’autoconstructions où l’individu se lance seul dans l’aventure, ici, en plus de l’assistance de Toit par toi, nous avons à faire à un travail d’équipe. L’organisation réfléchie, préconisée par Toit par toi, conseille des chantiers de 12 autoconstructeurs. Douze maisons, bâties en un même lieu, suivant un planning et une organisation construite pour rendre le travail des participants le moins pénible possible, le plus sécurisant quand à son bon déroulement et à son bon achèvement, éviter les pertes de temps et, de ce fait raccourcir au maximum les temps de réalisation. A terme, chacun des participants sera propriétaire de sa maison, mais tout au long du chantier, ce sont douze unités qui avancent au même rythme.
Autre facilité : mise à disposition des équipes d’un outillage professionnel qui couvre les besoins spécifiques aux différents métiers.
En phase de chantier, seraient garantis l’acquisition des compétences nécessaires pour les autoconstructeurs, la définition des process de construction, la validation de chaque étape des travaux grâce à la supervision d’un maître d’œuvre, avec des étapes formelles de contrôle.

L’aspect « construire au moindre coût » n’est pas le seul pris en compte
L’intérêt de l’initiative est fort : La réalisation de maisons à hautes performances environnementales dans une dynamique sociale d’accession à la propriété, permettent de garantir des économies d’énergie conséquentes, économies qui se traduisent tous les mois par des dépenses moindre pour les postes chauffage et consommation électrique.

Aspect environnemental

La démarche qui nous anime est simple : il s’agit de retrouver une architecture sensible, en rapport avec l’homme et son environnement.
Développement durable, architecture bioclimatique, matériaux de construction adaptés et sains, ressources énergétiques renouvelables, autant de critères pris en compte dans la démarche, critères qui imposent des coûts supérieurs au seul critère « construire au moindre coût »
Ils sont les acteurs de leur insertion sociale et retrouvent une prise concrète sur leur vie quotidienne. La plus-value retirée a des dimensions multiples ; les effets produits peuvent être d’ordre économique, social, civique et culturel et, ces bénéfices sont autant individuels que collectifs. L’autoconstruction accompagnée n’est pas la solution magique à toutes les difficultés, mais c’est un mode d’intervention possible pour les politiques publiques.

Responsabilité : En s’inscrivant dans une telle démarche, l’individu échappe à l’assistanat qui prévaut aujourd’hui où les individus attendent tout des collectivités. Décider de sa vie, de son habitât, participer à la construction de son rêve.

Respect : De soi même d’abord en apportant la preuve de sa capacité à prendre son avenir en main, mais aussi des autres avec qui on partage des temps de travail, des temps de doutes, des temps de réussite.

Pour les collectivités

C’est un moyen de créer sur la commune, la mixité sociale que beaucoup appellent de leurs vœux. La solidarité, ce n’est pas reporter l’accusation et la responsabilité des malheurs du monde sur autrui, c’est tenter, vaille que vaille de transformer le réel. C’est aussi une réponse au cota « logements sociaux »

Un outil adaptable et polyvalent : Aujourd’hui l’autoconstruction accompagnée doit faire ses preuves pour que les élus, les bailleurs sociaux et le monde associatifs s’intéressent à la démarche. Cela parce qu’ils doivent bien comprendre qu’en agissant en même temps sur l’accession à la propriété et sur l’aptitude de ses occupants à l’habiter, l’autoconstruction accompagnée peut dans certains cas être une réponse pertinente aux situations de mal logement et d’exclusion sociale.
Cependant il n’y a pas de modèle unique de l’autoconstruction accompagnée, modèle que l’on reproduirait partout à l’identique. C’est au contraire un outil polyvalent, qui peut et doit être adapté à des contextes locaux et à des territoires différents, pour répondre aux besoins de publics très divers. La preuve en est que les actions mises en œuvre par les opérateurs existants ont une grande diversité, même si toutes reposent sur un socle commun de valeurs et de règles opératoires.
L’autoconstruction fait appel à un public volontariste, qui a envie de s’en sortir, qui est prêt à des sacrifices dès l’instant où il voit la possibilité d’atteindre son but : l’accession à la propriété.

Savoir qu’il peut compter à tout instant sur des personnes ressources qui pourront trouver des solutions à ses problèmes immédiats, qu’ils soient d’ordre technique ou sociaux, est un élément primordial.
Des publics divers : La diversité concerne aussi le profil social des bénéficiaires : ménages avec ou sans enfants, familles monoparentales, personnes isolées, jeunes, personnes âgées L’origine ethnique peut être aussi très diverse. La diversité porte également sur leur niveau d’insertion professionnelle : l’action doit toucher des ménages en activité professionnelle, ayant de ce fait des capacités de remboursement d’un emprunt. Cette capacité de remboursement définit un revenu minimum de 12 000 € par an ( 33% = 3.300 soit 275€/mois) et un revenu maximum de 18 000€ par part fiscale (maximum autorisé pour accéder au taux 0 )
Selon les porteurs de projet et le problème à traiter, l’action visera certains publics de manière prioritaire voire unique ou mixera les publics ; cependant il existe un point commun entre ces publics : en très grande majorité ce sont des personnes qui non seulement ont un problème de logement mais aussi de faibles revenus et, bien souvent, elles cumulent les difficultés dans leur vie quotidienne.